Elisabeth Drault

|Back|

Bibliographie

Solitude et Relation

Avant d’aborder notre sujet, je voudrais dire que je suis soucieuse, avant tout, de transmettre la pensée de N. K. Salathé mais elle s’est tissée avec d’autres apports au long des années. Je ne peux donc vous dire que ce qu’elle est devenue pour moi à ce jour.
Ce qui me mobilise sur ce thème c’est ma confrontation à la donnée existentielle d’imperfection qui me laisse fort démunie face à mes clients se débattant avec leur angoisse de solitude.
Petite recommandation : j’aimerais que tout au long de cet atelier vous pensiez à un client ayant des difficultés sur ce thème solitude /relation pour que cette réflexion prenne chair dans votre expérience.

La Genèse nous disait : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » D’un autre côté, nous sommes « jetés » dans l’existence… « seuls sur la scène de la vie. »
Résoudre cette tension entre fusion/isolement, est un des grands défis de notre existence. Comment vivre ce paradoxe de l’homme fait pour la relation et confronté à l’inévitable solitude ? N Salathé, à la suite de M. Buber, nous ouvre une voie : la relation dialogale.

La solitude

Temps de réflexion individuelle: prenez contact avec une situation où vous avez vécu positivement votre solitude, une autre où vous l’avez vécue douloureusement. Soyez attentifs à vos sensations, votre ressenti, vos pensées. Vous résumerez chacune de ces expériences en trois phrases puis vous échangerez.

1 Préalables
1, 1 Trois formes de solitude : Distinguons avec N.K. Salathé à la suite d’I. Yalom :
• La solitude intrapersonnelle
Elle survient lorsque le sujet se coupe de parties de soi inaccessibles à la conscience, voire de sa personne qui alors « n’a plus les moyens de savoir ce qu’elle sent ou quelle est son opinion » (N.Salathé p93 cas d’Ellen West)
• La solitude interpersonnelle
C’est le fait de se sentir isolé des autres sans contact, sans relation, sans amis, sans amour, inutile, non reconnu, non aimé. C’est se sentir « hors de » un « hors de » non choisi.
• La solitude existentielle.

Elle est en lien étroit avec les deux autres. Il s’agit de « cet abîme infranchissable entre soi et l’autre, soi et le monde. » Même si nous sommes bien intégrés et que nous avons des relations personnelles riches et authentiques, nous n’échappons pas à cette solitude existentielle et à l’angoisse qui l’accompagne. Certaines situations la favorisent.

1, 2 Situations favorisant le sentiment de solitude :
• Face à l’irréductible incommunicabilité de notre expérience intime souvent ineffable, que celle-ci soit douloureuse ou joyeuse, voire exaltante.
• Face à la mort, la nôtre ou celle d’autrui : Si bien entourés que nous soyons solitude et finitude se maillent dans cette séparation ultime ainsi que dans de nombreuses situations de séparation tout au long de notre vie.
• Face au vertige de la liberté qui nous rend seul responsable de nos choix. Nul recours possible à un autre qui nous déchargerait et pourtant nous nous sentons limités vulnérables, pleins de doute. Là nous rencontrons l’intrication entre solitude et limitation
Tout être humain doit faire face à ces situations avec « le courage d’être » (Tillich). C’est seulement quand elle engendre des défenses massives qu’elle devient pathologique.
1,3 Le poids de la culture
Enfin mentionnons que la culture influence largement nos représentations. La solitude peut être exaltée devenant une finalité ou dénigrée provoquant des affects de honte et d’envie menant à la dépression ou à la revendication. Le thérapeute devra donc aider son client à repérer et dépasser ses introjects culturels et leurs affects correspondants pour qu’il vive sa solitude avec dignité et courage et en recueille les fruits.

I Pourquoi la solitude réveille-t-elle de l’angoisse ?
ou genèse de l’angoisse de solitude

La solitude nous renvoie à l’angoisse originelle de séparation. L’entrée dans la vie du petit d’homme est marquée d’un arrachement dont les psychogénéticiens parlent d’abondance. Toute séparation au long de notre vie en portera plus ou moins la trace.
1 Les théories du développement
Toutes font référence à cette angoisse de séparation. La capacité à être seul est vue comme un signe de maturité qui s’acquiert en plusieurs étapes.
Chacune d’elle nous confronte à une séparation comme nous le rappelle .F. Rossignol: « Sortir du ventre maternel, renoncer au sein, puis aux soins peau à peau…faire place au rival … perdre l’enfance…pour oser la distance adolescente ». Ces nécessaires et douloureuses séparations peuvent favoriser ou entraver la croissance.
Nous retrouverons chez nos clients les résurgences de ces étapes mal franchies, l’enfant ayant été confronté trop tôt à un renoncement inassumable. Il nous faudra alors délicatement reprendre l’étape mal franchie. Voyons comment.
2 Etapes menant à la capacité à être seul
Tous les auteurs s’accordent à dire que la capacité à être seul ne s’acquiert que si un bon objet a pu être intériorisé. Ceci permet une intégration, un sentiment d’unité personnelle qui entraînent, à leur tour, la capacité à être seul.
Voyons comment Winnicott peut nous aider à faire franchir à nos clients les étapes restées inachevées dans cette acquisition d’un lien sécure, fiable, solide , contenant, sur fond de continuité.
• L’indifférenciation moi/non moi : Phase de dépendance absolue où la « préoccupation maternelle primaire » avec son adaptation fine au besoin de l’enfant, permet à celui-ci d’expérimenter « un sentiment continu d’exister » à travers une aire d’illusion omnipotente qui fonde sa sécurité.
Accompagnement du thérapeute
Le plus difficile dans ces pathologies archaïques est d’accepter de rentrer suffisamment longtemps dans l’expérience du client au risque de se sentir confus, englué, aspiré désemparé découragé de réguler ces affects en teinte vive ; puis d’utiliser son contre transfert. J’insiste sur l’importance de la continuité et la fiabilité du lien pour assurer suffisamment de sécurité pour passer à l’étape suivante.
Je pense à Paul dont la mère dépressive a dû s’occuper du père lui-même en dépression à sa naissance. Ultra carencé il passe d’une attente fusionnelle à une distance cynique le conduisant à des idées suicidaires. Et moi démunie devant tant de souffrance je tente maladroitement de l’extirper de ces deux pôles au lieu d’abord d’accepter de le rejoindre encore et encore dans ces zones d’enfer !
Je pense aussi à Martine qui s’accrochait à une mère toxique pour éviter la néantisation. Faute d’avoir pu intérioriser une bonne relation, elle perdait le sentiment d’exister, et son monde interne était désespérément vide.

• La différenciation/ désillusion :
La mère le fait par un dosage adéquat de présence/absence. Le bébé découvre ainsi sa vie personnelle en même temps que naît sa créativité grâce en particulier à l’objet transitionnel. Il peut alors faire l’expérience positive « d’être seul en présence de la mère ».
Accompagnement du thérapeute
Pour le thérapeute il s’agit de :
– chercher la bonne distance, ni envahissant ni retiré
– repérer et réparer les moments de désaccordage ou failles empathiques
– travailler les séparations : fins de séances, vacances (objet transitionnel )

• L’intériorisation de la mère totale puis de l’environnement :
Vers six mois, l’intériorisation de la mère totale permet à l’enfant d’être effectivement seul.
Pour cela la mère doit : laisser de la place au tiers « présenter son enfant au monde »
Elle joue aussi un rôle de pare excitation qui canalise l’angoisse et contient l’agressivité de l’enfant face à l’étranger, il fait alors l’expérience qu’il ne peut pas détruire son environnement et peut l’intérioriser de plus en plus largement. (Attachement sécure entre 24 et 36 mois.)
Accompagnement du thérapeute
Le thérapeute invite son client à expérimenter la nouveauté dans sa vie quotidienne et pas seulement dans le cabinet
Le thérapeute contient les affects du client.
Je pense à Jean qui ne s’acceptait que dans sa bonté son amour son « angélisme » et clivait complètement son agressivité, ce qui le rendait dépendant de l’autre. Suite à une faille empathique de ma part de façon tout à fait inattendue il a pu m’attaquer violemment. Il était important qu’il me voie touchée, ébranlée et néanmoins contenante, solide dans ce face à face. Expérience qui a changé le cours de la thérapie et ses rapports aux autres.
Tout au long de ces étapes la mère, le thérapeute, favorisent les expériences primordiales de comprendre / être compris, donner / recevoir antidotes du sentiment de solitude.
Moins ces conditions auront été remplies correctement, plus le risque sera grand que le futur adulte développe des réactions pathologiques à la solitude.

II Stratégies de fuite ou évitement de la solitude

Nous distinguerons trois principales formes d’évitement de la solitude : s’accrocher, s’isoler, consommer l’autre.
1 S’accrocher
Peut se décliner sur un continuum allant de la fusion à une plus ou moins grande dépendance.
1,1 La fusion ou indifférenciation : « l’autre et moi sommes un »
Les frontières s’estompent en une confluence pathologique massive, archaïque. Aucune individuation aucune relation possible puisqu’organisme et environnement sont confondus. La personne recherche le « peau à peau », l’enveloppe physique et psychique. Elle se fait immanquablement rejeter tant sa demande est impossible à satisfaire.
La séparation provoque L’angoisse de perte de soi
Claire remettait les clés de sa vie à autrui en se suradaptant , Tout à coup, prenant conscience de l’inanité de sa vie, elle se désorganise, en proie à une déflagration interne et une angoisse insupportable de néantisation.

1,2 La dépendance à l’autre : « je fais partie de l’autre »
La personne est prête à se couper de la conscience de ses besoins, ressources, émotions, responsabilité…. Elle se soumet à l’autre pour obtenir protection, reconnaissance, contenance, puissance… Elle ne se sent en sécurité, vivante, n’ayant de la valeur que par l’intermédiaire de l’autre, personne ou groupe, qui finit le plus souvent par se lasser.
L’angoisse d’abandon domine où se maillent angoisses de solitude et de finitude qui parlent d’un lien perdu ou d’une perte à venir fondée sur une expérience passée s’infiltrant dans le présent. Ce peut être aussi l’angoisse de perte d’amour ou de perte de valeur.
Jean a besoin d’être le pygmalion d’autrui pour assurer sa valeur.
Gilles Delisle cite le cas d’un client qui fonctionne bien dans sa vie courante mais quand sa femme s’absente, il ne sait plus que manger et se masturber pour calmer son angoisse.

2 S’isoler
Là encore cela prend plusieurs formes.
2,1 L’isolement de type schizoïde : « l’autre est dangereux et indispensable »
Le schizoïde se coupe de ses affects, « met en cage son amour » (Fairbairn), devient froid et distant par crainte de perdre le peu qu’il a, par protection contre son extrême dépendance et aussi parce qu’il pense que son amour est mauvais pour l’autre. Il est difficile de l’approcher. L’angoisse est celle d’être confiné, emprisonné ou appauvri.
Accompagnement du thérapeute
Il s’agit dans un 1er temps d’accepter patiemment et de respecter le besoin de retrait du client pour qu’il apprenne à son tour à le faire respecter Ces clients entrainent des contre transferts polarisés en termes d’identification projective : le thérapeute soit est enclin à rester dans une distance un peu froide soit il a envie de réchauffer son client, trop vite ! Il y aura un lent et délicat travail de réappropriation progressive des affects.
2,2 L’isolement de type narcissique : « l’autre fait partie de moi »
Au lieu de s’accrocher à l’autre, il l’avale : Il se distancie dans un retrait orgueilleux et méprisant pour éviter toute confluence saine. Si l’autre échappe tant soit peu à son contrôle omnipotent, il y a menace d’effondrement narcissique provoquant rage, panique, dépression. C’est malheureusement une pathologie encouragée par notre société actuelle.
L’angoisse correspondante est celle de la dépendance.
Accompagnement du thérapeute
Le travail du thérapeute est rendu plus difficile car l’angoisse de solitude est remplacée par des passages à l’acte plus ou moins bruyants, lors des séparations. Le transfert négatif fréquent, sert à dénier les affects réveillés par la possible dépendance. Le sentiment de compétence du thérapeute étant mis à mal, le risque le plus grand est d’arrêter la psychothérapie pour arrêter d’être malmené.
Là encore le plus difficile est d’utiliser son contre transfert (sentiment de non existence, inutilité, impuissance, incompétence) au transfert souvent négatif et en teintes vives du client et à ses passages à l’acte.
Héloïse commence toutes les séances en m’attaquant se plaignant dès que j’ouvre la bouche alors qu’ « il serait si simple de te contenter de m’écouter car je sais faire mon travail seule. Tu ferais donc mieux d’avoir l’humilité de reconnaître que tu es dépassée comme tout mon entourage ! »

3 Consommer l’autre compulsivement
L’angoisse de solitude est trompée par une agitation à la frontière-contact, à travers une multiplicité de pseudo-contacts. La personne ne se nourrit pas n’assimile pas, profondément elle reste seule et entretient le sentiment insupportable de vide. Cela prend souvent la forme de relations sexuelles compulsives avec un attachement plutôt masochiste où l’autre n’est qu’un objet. Là encore cela ne résout en rien le problème de la solitude puisque le monologue remplace le seul dialogue utile.
L’angoisse correspondante est celle du vide
Voir « Le journal d’un séducteur » (Kierkegaard) qui mène son héros au mépris de soi, au vide, à la culpabilité existentielle ou la description de l’ « Erotique » par Buber.
Accompagnement du thérapeute
Le thérapeute fera ralentir le déroulement du cycle, en s’arrêtant particulièrement à la phase d’orientation aidant son client à prendre conscience que ses stratagèmes, au lieu de chasser l’angoisse du vide et de la solitude l’entretiennent, la creusent. Il s’en servira comme levier pour transformer les pseudo contacts en rencontres authentiques.
Yalom cite l’exemple de Bruce, client en proie à une compulsion sexuelle devenant envahissante. Yalom lui propose de passer une soirée seul et de noter au fur et à mesure toutes ses pensées et affects. Il est terrorisé et se raccroche à la présence d’un chien. Yalom travaille bien sûr le sens de cette expérience. Le sexe a pour fonction de permettre à Bruce de défier et la mort et la solitude.
L’angoisse mise à nu il s’agira pour Yalom d’aider Bruce à répondre à sa propre question : « Si je ne cherche plus à baiser les femmes qu’est-ce que je vais faire avec elles… A quoi servent les gens ? »

On est bien loin d’une relation dialogale !
Dans l’accompagnement, quelle que soit la forme de l’évitement, le plus difficile et le plus important est avant tout de rejoindre l’autre là d’où il ne peut sortir seul.
Dans toutes ces manifestations l’angoisse fondamentale de l’incontournable solitude est déniée, recouverte par des couches de défenses plus accessibles à la conscience où l’autre doit procurer tel ou tel « produit » : admiration, puissance etc…La personne ne peut assumer d’être « l’auteur de sa vie » et en remet la responsabilité à autrui.
Toutes les formes d’évitement de l’angoisse de solitude ont deux points communs :
L’autre n’est pas considéré dans son altérité mais utilisé comme une fonction
Le prix à payer est lourd puisqu’il s’agit de se couper d’une partie de soi, voire de sacrifier son individualité, sans compter que ce type de relation est bien sûr voué à l’échec.

III Les fruits de la solitude

Heureusement, solitude ne rime pas toujours avec abandon, terreur, fuite. Lorsqu’on a dépassé les écueils du découragement ou de l’insolence, la solitude peut amener l’homme à se dépasser. Choisie, elle peut porter de magnifiques fruits.
« Faire fleurir comme rose la solitude » préconisait Thoreau
Je ne ferai ici qu’énumérer ses aspects positifs en les illustrant de citations puisées principalement dans « L’esprit de solitude » de J. Kelen (Albin Michel Spiritualité 2005)
La conquête de la liberté
« C’est à partir d’une solitude reconnue, bientôt aimée que la liberté prend son envol et chante »
« Lorsque par une patiente solitude un être humain prend mesure de sa liberté sans limite, il rencontre en même temps sa dimension d’éternité. »
La singularité, l’unicité
Lévinas : « L’unicité du moi, c’est le fait que personne ne peut répondre à ma place »
L’ouverture et la créativité
« A vivre seul, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l’espace en soi et autour de soi. »

La dignité
« Tout homme pourvu de quelque conscience et dignité devrait apprendre à bâtir sa solitud,e à l’habiter avec agrément. »
« Savoir être soi est une conquête certes angoissante mais qui confère beaucoup de dignité. »
L’amour
« Epouser l’autre n’est pas se confondre, c’est s’incliner devant sa majesté de solitude, devant le mystère de solitude qu’est inéluctablement l’amour. »
J.M. Rilke décrit l’amour comme « deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une devant l’autre. »
La spiritualité
Th. Monod à travers sa longue expérience du désert nous fait part de son
« sentiment presque palpable de la montée de la vie et de l’esprit. La solitude affirme toujours la précellence de l’être spirituel sur l’homme temporel. »
Tous ces fruits beaux, goûteux, enviables ne s’obtiennent pas sans une volonté de transformer l’angoisse en création ; la solitude acceptée devient alors féconde pour soi et pour l’autre. Cet aspect doit être mis en figure auprès de nos clients pour contrebalancer les représentations souvent négatives qu’ils s’en font.

IV Comment aider nos clients à passer d’une « solitude malédiction » à une « solitude apprivoisée » ?

Pour aider son client à intégrer, de façon créative, l’inévitable angoisse existentielle de solitude, le thérapeute devra dégager les obstacles qui s’y opposent et, bien sûr, travailler les deux formes de solitude intra- et inter-personnelle.
1 Travailler la solitude intrapersonnelle
Le Gestalt-thérapeute est particulièrement bien « outillé » pour cela. Perls ne cesse de donner des exemples de ré-appropriation de parties de soi-même perdues à la conscience. Travail d’awareness sur les sensations émotions besoins, travail pour transformer le clivage en complexité, travail des identifications projectives, travail des rêves. Le thérapeute aura aussi soin de favoriser les liens sous toutes leurs formes. Tout cela permettra au client de se retrouver plus entier, vivifié. Il pourra alors mieux assurer son self support.
2 Travailler la solitude interpersonnelle
J’ai déjà ouvert des pistes spécifiques aux formes de pathologie et aux stades développementaux inachevés je vais rassembler ici des indications plus générales
• Le Gestalt-thérapeute fera prendre conscience à son client de ce qu’il fait des et avec les autres, comme le préconise N.K. Salathé : de quelle fonction charge-t-il autrui, comment l’utilise-t-il au lieu de le rencontrer ?
Jean utilise sa compagne pour s’assurer de sa valeur en étant son pygmalion.
Paul fait dépendre sa vitalité du peau à peau avec une femme
Héloise a besoin de l’autre comme prolongement narcissique reflétant sa grandiosité.
Isabelle sollicite le sadisme de son mari ne pouvant assumer sa propre agressivité.
• Le thérapeute aidera son client à prendre conscience des modes de régulation de contact qu’il utilise pour confirmer son scénario et se ligoter lui-même autant que l’autre (en particulier par les projections catastrophiques).
• Il mettra en évidence le prix à payer, perte d’identité, d’unité, dépendance, engendré par les stratégies d’évitement.
• Il accompagnera le deuil de l’illusion d’un autre qui comblerait la soif de partage d’intimité de complétude du client.
Paul est cruellement déçu quand il ne se sent pas profondément rejoint sans rien avoir à dire ni faire alors même qu’il sait son thérapeute aimant et cela vient toucher sa rage.
• Il favorisera des expériences nouvelles dosées, soutenant les prises de risque de son client à vivre une solitude qui ne soit pas un isolement, un rapprochement qui ne soit pas un étouffement. Pour cela il l’aidera à se percevoir comme quelqu’un qui ose et à percevoir l’autre, et donc lui-même, comme libre et différencié. Le travail en groupe est approprié.

3 Travailler la solitude existentielle
Cela n’est pas possible directement ! En travaillant sur les deux premières formes de solitude, indirectement, le thérapeute travaille sur la solitude existentielle. Ici point de stratégie mais l’instauration d’une relation dite « dialogale » où le thérapeute offre sa présence, son humanité son authenticité, sa capacité à assumer sa propre solitude existentielle
Conclusion La solitude peut autant détruire que construire.
Poussée à bout elle est enfer, enfermement jusqu’au repli autistique. L’humanité est impensable dans la solitude, l’homme seul est un damné, un « naufragé hors de l’Etre ». Elle ne peut donc être une fin en soi. Mais acceptée elle peut se faire chemin initiatique au nom d’une « communion » plus haute (Providence, Nature, Vérité, Vie, Dieu) menant à la liberté, à la singularité. Elle est moteur de désir nous rappelant notre manque à être et ouvrant ainsi à la rencontre qui seule exhausse l’homme.

La Relation

Introduction Nous aborderons ce chapître de la relation en en éclairant deux aspects, l’attitude dialogale et l’attitude de sympathie/empathie.

I La relation dialogale selon Buber

Cette partie cherche à transmettre en particulier la conception de M. Buber philosophe de tradition juive, dont N.Salathé a cherché sans relâche à nous faire les émules
Elle est aussi largement inspirée du livre de S.Schoch de Neuforn « l’approche dialogale en Gestalt-thérapie »
Plusieurs auteurs et philosophes comme Misrahi, Maslow, Buber s’élèvent contre ce postulat où il y aurait « un abîme insurmontable entre les êtres. » et peuvent même « s’émerveiller du mystère de la communication des « solitudes entre elles. »(Maslow) .
Buber considère que le mode existentiel de l’homme est relationnel : « au commencement est la relation », Mais la relation aimante est exigeante, affranchie de toute emprise du besoin, ce qui est rarement le cas chez nos clients malmenés dans leurs relations précoces.
Heureusement le thérapeute existentialiste partage avec Buber l’espoir que « Quand le Je s’ouvre à un Tu il en est transformé ».
La pathologie, nous dit N.K. Salathé, nait le plus souvent d’une insuffisance de confirmation existentielle, alors même que l’enfant est dépendant de l’autre pour sa survie. Le client a droit à la confirmation de son existence qui comprend la confrontation à sa responsabilité. La confirmation dans l’acception de Buber « signifie confirmer la singularité de l’autre… Savoir que l’on est rendu présent par l’autre en ce que nous sommes et en ce que nous sommes appelés à être, induit le profond devenir du soi » commente Friedman.
Pour « régénérer un centre personnel atrophié », la stratégie thérapeutique ne suffit pas. Elle ne porte ses fruits qu’au sein d’une relation « dialogale » Voyons ce que Buber entend par là et quelles en sont les caractéristiques.
1 Conception de la relation dialogale
« Le dialogue c’est la réponse de l’être total à l’altérité de l’autre ». (Friedman)
« Une relation où on attache de l’importance à l’unicité de chaque personne et où des relations directes mutuelles et ouvertes sont privilégiées. »(Hycner)
Pour Buber « le fait fondamental de l’existence humaine est l’homme avec l’homme » (Le problème de l’homme p 112). L’homme est existant dans sa relation au monde et non dans son isolement. Notre vie est une tension entre les deux pôles inséparables du Je-Tu et du Je-Cela comme les nomme Buber. La relation thérapeutique tend vers l’idéal de « la rencontre totale de deux êtres dans la perspective existentielle du Je-Tu. (N.K. Salathé) rencontre, comme le dit Bachelard, qui est « synthèse de l’évènement et de l’éternité »
Qu’entend Buber par ces « mots fondamentaux » Je-Cela, Je-Tu ?
Le Je-Cela est une attitude relationnelle où l’autre est objet de connaissance. Il y a donc une visée, un regard analytique (je me penche sur ses multiples facettes pour comprendre de mieux en mieux son fonctionnement) ; ce mode d’être instaure un rapport de causalité et non de réciprocité (séparation objet/sujet). Mode le plus fréquent, inévitable, utile même, mais pas suffisant.
Le Je-Tu est l’attitude relationnelle de la rencontre. Il n’y a plus ni sujet ni objet ni moyens mais présence totale à la totalité de l’autre, engagement, (il est impossible de rester spectateur du Tu) responsabilité, authenticité, absence de but qui nous font ressentir et accepter l’altérité, l’unicité de la personne, son essence même et accorder de la valeur à cette relation. C’est le mode privilégié du dévoilement de l’être ; c’est une pure étincelle (cf intuition de Bergson) chacun en est modifié « le moi s’éveille par la grâce du toi…La rencontre nous crée » dit Bachelard.
L’exigence même de ce mode relationnel fait qu’il est très rare. « On ne peut vivre dans la seule présence elle nous dévorerait » dit Buber « l’homme ne peut vivre sans le Cela. Mais s’il ne vit qu’avec le Cela, il n’est pas pleinement un homme. »
Mais comment atteindre ce mode d’être qui nous permet d’accéder à toujours plus d’humanité créatrice alors même qu’il ne peut être une fin en soi ?
2 Caractéristiques de la relation dialogale :
Elle exige selon Buber trois qualités principales: Présence, authenticité, inclusion.

• La Présence Elle se situe dans le présent du kairos, instant de tous les possibles où « le temps ne se fige pas mais au contraire se déploie dans toute sa plénitude » (S. Schoch de Neuforn) « Dès que le Tu devient présent, la présence naît » « Une présence n’est pas quelque chose de fugitif et de glissant, c’est un être qui nous attend et qui demeure » (Je et Tu p 32)
Je repense à Paul qui fait au moins cette expérience, semaine après semaine, de rencontrer quelqu’un qui, même avec son sentiment d’impuissance, est présent et l’attend. (importance pour nos clients de cela qui a tellement fait défaut). Quelle responsabilité pour le thérapeute !
Elle est don : « Celui qui dit Tu n’a aucune chose il n’a rien : Mais il s’offre à la relation » (Je et Tu p 21) Don de qui on est à cet instant, imparfait, inaccompli, quittant nos représentations, nous abandonnant à la révélation de la rencontre.
Elle est accueil : Le Je s’y reçoit du Tu, s’ouvrant au vertige de l’inconnu, acceptant d’en être bousculé, transformé, à la fois créature et créateur.
La présence est un mode d’existence, une force, où la question du sens ne se pose plus car elle concerne l’essence même de la personne.
• L’authenticité la totalité. L’authenticité du Je Tu est radicale « Celui qui se décide [à la rencontre] ne peut rien réserver de soi ». Le Tu « ne peut être dit que par l’être entier » dans une implication « intégrale ». C’est dire la prise de risque et la vulnérabilité qu’elle entraîne !
Cela vaudrait une discussion pour concilier cette exigence et notre devoir de réserve.

• L’inclusion
Le thérapeute doit être capable d’inclure l’expérience de son client sous l’effet de ses propres actions. Bien sûr on ne peut attendre de même du client.
Buber ajoute à ces trois qualités deux autres caractéristiques :
• La mutualité
La « mutualité » (réciprocité) de la rencontre permet à chacun de « jaillir de lui-même tout en gardant sa permanence » (S.Schoch de Neuforn) et met l’homme dans sa responsabilité face à autrui. Ce point pose aussi problème dans la relation thérapeutique. Certes la réciprocité ne pourra s’y déployer entièrement mais, comme le souligne M. Friedman, même si les statuts et les rôles sont différents il peut y avoir des instants de mutualité en particulier quand « le thérapeute s’engage comme partenaire dans une relation de personne à personne » saisissant ainsi « l’unité latente, enfouie, de l’âme qui souffre » (Buber).
• L’Entre deux
Comme en GT tout se passe pour Buber dans l’entre deux « véritable lieu et support de ce qui se passe entre humains » (Le problème de l’homme p 112) C’est l’espace intermédiaire qui est important : Le dialogal « ne se trouve pas dans l’un des deux partenaires, ni dans les deux ensemble, mais seulement dans leur dialogue même, dans cet « intervalle » qu’ils vivent ensemble ». (Je et Tu)
Notons aussi que tout ce que nous venons d’évoquer fait référence à ce que nous appelons en GT le Mode Moyen que N. K. Salathé mettait en figure. Il permet authérapeute d’entrer dans une « qualité de présence active et de réceptivité qui le font s’effacer au cœur même de son acte thérapeutique » (S.Schoch de Neuforn p 94) Il exige le lâcher prise mais non la perte de soi. C’est se laisser être dans l’instant de la rencontre sans intentionnalité, s’ouvrir à ce qui vient sans vouloir le posséder comme le recommande Buber qui appelle cela la grâce « C’est par grâce que le Tu vient à moi. Ce n’est pas en le cherchant qu’on le trouve… Le Tu vient à ma rencontre mais c’est moi qui entre en relation avec lui. » (Je et Tu p27)
Comme on l’aura compris la croissance pour Buber, et donc le but de la thérapie, c’est le passage du Je-Cela au Je-Tu, d’une relation sujet/objet à un mode d’être-avec, une ouverture toujours plus grande à l’environnement y compris le Tu éternel. Car pour Buber « chaque Tu invoque le Tu éternel ». C’est à travers la rencontre du Je-Tu que « nous effleurons l’ourlet du Tu éternel » (Je etTu p 24 )
Deux auteurs Maslow et Fromm, recommandés par N.K. Salathé, ont un regard très proche que je résume ici à l’extrème.
Maslow incite à créer des liens fondés sur l’autre, non comme « pourvoyeur », mais comme être complexe unique et entier, de passer de l’amour « déficitaire » à l’amour altruiste.
Quant à E Fromm dans « L’art d’aimer » il écrit : « l’amour représente la meilleure option pour surmonter la souffrance inhérente à l’état d’être séparé » tout en soulignant son exigence. Il implique sollicitude, responsabilité, don, respect et connaissance.
Tous ces auteurs sont des repères permettant au thérapeute d’aider son client à accroître sa capacité dialogale.
En résumé, le thérapeute aidera son client à :
Identifier son mode relationnel : Comment crée-t-il ses relations ? Quels sont ses obstacles ? Que cherche-t-il à se procurer ? Est-il curieux de l’autre, quelles parts de lui n’assume-t-il pas, en quoi utilise-t-il l’autre , à quel stade relationnel se situe la Gestalt inachevée ?
Renoncer à ce qu’il ne peut obtenir des autres « travail de deuil de l’amour dont le sujet a été privé. »
Rééduquer son client à des attentes raisonnables
Travail de « reconstruction vitale de son image de soi meurtrie. » (N.K. Salathé.)
Cela ne peut se faire qu’au sein d’une relation authentique que le client intériorisera peu à peu. Quand il devient capable d’embrasser les deux pôles, quand l’angoisse de la rencontre diminue par ce qu’il a moins peur de se perdre dans le Tu, son Je peut alors émerger, autonome, unique, c’est la fin de la thérapie.
Il y aurait encore tant de choses à développer concernant la philosophie de la rencontre selon Buber ! Arrêtons-nous là pour développe ce que Buber nommait « inclusion » qui se rapproche de l’attitude de sympathie/empathie.

II Sympathie ou empathie ?

1 Les concepts
Je discuterai cet aspect de la posture recommandée par N.K. Salathé à la suite de Perls. Ma réserve porte probablement plus sur la définition des mots que sur l’attitude en elle-même.
Pour N.K.Salathé la sympathie réclame un « engagement dans le champ total, celui de la connaissance de soi et du patient », position qui comporte des risques. Le patient en effet ne manque pas de résister au changement qu’en même temps il souhaite et la sympathie peut conduire le thérapeute à donner tout le soutien externe qu’il réclame, à avoir du mal à frustrer son patient. Or le thérapeute « doit apprendre à travailler avec sympathie et, en même temps, avec la frustration » (les énergies de la sage femme et du bourreau) toutes deux nécessaires au changement. Il doit tenir compte de ses propres besoins, affects, réactions à la manipulation du patient ainsi que des besoins, affects, réactions du patient vis à vis de lui-même, et « se sentir libre de les exprimer. »
A la suite de Perls, N.K.Salathé voit dans l’empathie « une sorte d’identification au sujet qui exclut la moitié du champ ». Ainsi « il priverait le champ de son instrument principal : son intuition et sa sensibilité au processus qui se déroule chez le patient » (N.K.Salathé). C’est là où je me différencie de sa conception.
Une lecture du livre de J Hochmann très documenté « Une histoire de l’empathie » permet de voir combien les concepts d’empathie et de sympathie sont difficiles à différencier. J’en retiens que la sympathie concerne surtout les affects et que le sujet y éprouve les émotions similaires à autrui, tandis que l’empathie concerne autant le cognitif, la connaissance que l’affect, donc a un spectre plus large que la sympathie. « Il n’y a pas d’abandon de sa propre perspective » et elle n’implique pas nécessairement un partage de sentiments. Le thérapeute n’a donc pas besoin de se retirer du champ. Voilà la définition de J.M. Delacroix : « capacité du thérapeute à sentir à l’intérieur de lui un aspect du monde intérieur du patient ou de son état du moment sans s’y perdre »
L’empathie connaît actuellement un regain d’intérêt notamment à travers les courants intersubjectifs. Elle nous est indispensable pour traiter les I dentifications projectives et plus largement pour mettre notre contre transfert au service du client.
Un double mouvement est nécessaire : L’un concerne « la capacité du thérapeute à s’immerger dans le monde d’autrui, l’autre sa capacité à maintenir son identité et sa propre perspective pour les mettre au service de la nouveauté apportée au client.
Elle est primordiale dans la thérapie comme dans toute relation humaine ce que les neuro sciences confirment.
2 Importance de l’empathie
« L’empathie est le moteur de la transformation » affirme Rogers. Elle est à l’origine de toute relation saine où l’altérité est reconnue puisqu’elle est un moyen de connaissance d’autrui sous ses trois aspects cognitif, affectif, comportemental :
L’empathie cognitive nous permet de percevoir le cadre de référence du client.
L’empathie d’affect nous permet de nous transporter dans l’expérience somato affective du client.
L’empathie d’action nous fait être l’écho corporel de notre client le plus souvent inconsciemment : posture, geste, prosodie. Les neuro sciences confirment que ces automatismes « activent les liens émotionnels internes…augment(ant) l’accordage empathique » essentiel « au développement de nos capacités à créer des relations intimes » Cozolino
Témoigner de l’empathie c’est donc se couler dans les pensées, les affects, le corps même de l’autre, sans perdre ses frontières ; puis lui communiquer par nos mots et notre attitude (posture mimique prosodie) ce que nous avons compris-senti de l’expérience qu’il vit ou a vécue. Attention donc l’empathie n’est pas forcément douce et feutrée !
On peut aussi parler d’une empathie-climat chaleureuse et sécurisante. C’est celle de la mère suffisamment bonne qui s’adapte au « pouls émotionnel » de son bébé, (engageant toute une protoconversation avec lui. Nombreux sont nos clients qui n’ont pu en bénéficier.)
Il s’agit pour nous thérapeutes de procurer à nos clients, à travers une disponibilité corporelle, affective, cognitive, l’expérience de se sentir regardés, écoutés, maintenus, enveloppés, touchés, soutenus, surtout lors d’épisodes régressifs.

Conclusion

Nous sommes marqués du sceau originel de la solitude comme des autres données existentielles, il s’agit tout au long de la vie de les accepter de façon créative, féconde, dans un dépassement de soi qui rend fier d’exister et redonne du sens à ces paramètres incontournables. La meilleure option pour surmonter la souffrance inhérente à l’état d’être séparé, c’est la relation. Encore faut-il être capable d’être en lien sans céder au besoin d’échapper à l’isolement, ni utiliser l’autre comme un outil comme nous le rappellent N.K. Salathé et I.Yalom.
Paradoxalement, seule la confrontation à la solitude nous permet de nous engager pleinement dans la relation. Celle-ci « rompt les barrières de la haute solitude, triomphe de la sévère loi et jette un pont de l’être soi-même à l’être soi-même pardessus l’abîme de la peur cosmique » (Buber) que certes elle n’efface pas mais qu’elle aide à assumer « résolument » (Heidegger),
A l’issue de cet atelier je suis confrontée à la donnée existentielle d’imperfection de limitation introduite par N.K. Salathé à côté des quatre autres (dont traite l’atelier de M. Boutrolle). Le sujet est tellement vaste ! J’aurais par exemple aimé parler de la place du dévoilement dans la relation.
Acceptant avec humilité les inévitables limitations imperfections de cet atelier, j’espère que le fait d’avoir accordé quelque temps de réflexion à ces vastes sujets nous fera faire un pas de plus dans notre désir et notre aptitude à aider nos clients à mieux assumer leur solitude, pour leur permettre de nouer des relations qui leur confèrent joie et dignité. Merci à Noël de nous avoir montré la voie. Merci à vous.

Bibliographie

J. Kelen, L’esprit de solitude, Albin Michel, spiritualités, 2005
J.M. Quinodoz, La solitude apprivoisée, PUF 1991
I. Yalom, Pschothérapie existentielle, 2008
N.K. Salathé, Institut de psychothérapie de la Gestalt existentielle (IPGE) Genève 1995
J. de Romilly, Les Roses de la solitude, Fallois 2006
C. Bobin, La grâce de solitude, Collectif 1996
F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Gallimard, Folio, essais
B. Bettelheim, La forteresse vide, Gallimard
M. Büber, Je et Tu, Aubier 1969
B. Golse, Le développement affectif et intellectuel de l’enfant, Masson 1985
P. Tillich, Le courage d’être, Cerf
A. Comte-Sponville, L’amour la solitude, Albin Michel 2000
F. Dolto, Solitude, Poche 1995
M.F. Hirigoyen, Les nouvelles solitudes, Poche Marabout 2007
E. Fromm, L’art d’aimer, Desclée de Brouwer 2007 (1956)

Elisabeth Drault 19 Octobre 2013